Des paysages comme champ d’expérimentation
Biographie express
Âge/année | Activité/formation |
18 ans | Maturité gymnasiale artistique |
19 ans | Stage dans un atelier de bijouterie: Les insolites, Carouge GE |
23 ans | Bachelor HES en design industriel et de produits, orientation design bijou et accessoires: Haute école d’art et de design HEAD, Genève. Stage de design horloger: Piaget, Genève |
24 ans | Fondation d’un studio de design d’objets et d'accessoires en duo avec une designer genevoise. En parallèle, poste administratif à 20%: Hôpitaux universitaires genevois HUG, Genève |
25 ans | Fondation de son propre atelier et pratique en tant qu’artiste et designer indépendante: Atelier Camille Dols, Genève. En parallèle, poste administratif à 30%: HUG, Genève |
26 ans | Chargée de projets et de communication à 50%: Service des affaires culturelles des HUG, Genève |
29 ans | Chargée de projets et de communication à 60%: Service des affaires culturelles des HUG, Genève |
31 ans | Début du Certificate of Advanced Studies CAS Promouvoir une institution culturelle, en cours de formation: Université de Neuchâtel |
Vous traversez différentes phases dans votre travail artistique. Lesquelles?
D’abord, l’idée émerge dans ma tête, parfois avec des contours précis, parfois sous la forme d'une intuition. Puis vient une période de recherche et de tests qui me permet d’atteindre le résultat souhaité. Actuellement, je suis extrêmement intéressée par les procédés de photographie expérimentaux, notamment avec des photos de paysage. Une part du résultat que j’obtiens est aléatoire, cela me fascine. Dernièrement, j’ai créé une série autour de photos Polaroïd. Une immersion dans différents bains rend les images chiffonnées comme du textile. Pour moi, la photo n’est pas un produit fini, mais un médium à expérimenter, un point de départ.
Je m’occupe ensuite de la production et de la réalisation. Selon les cas, je crée des séries ou des pièces uniques. Je définis le packaging et le pricing, c’est-à-dire la grille de prix que j’applique. Enfin, je gère toute la communication autour de l’œuvre: shooting photo, rédaction de textes que je publie sur mon site ainsi que sur les réseaux sociaux. Je mets en place un événement pour présenter ma nouvelle collection au public ou alors je prends part à un événement existant. Il faut être conscient que le travail d’artiste ne veut pas dire créer tout le temps.
«Mes deux activités m'ont permis de trouver l'équilibre et s'enrichissent l'une l'autre.»
À quelles compétences recourez-vous dans votre travail?
Mon métier demande autant de passion que de persévérance. Il faut de la créativité mais aussi de la rigueur dans le travail et le sens de l’organisation. Enfin, le lien humain est très important. En tant qu’artiste, je fais beaucoup appel à mon réseau, je montre mon travail et j’en parle autour de moi.
Par ma profession, j’ai aussi dû faire des concessions et des sacrifices, tirer un trait sur certaines choses et accepter une certaine précarité. Et en même temps, j’ai la chance de pratiquer une activité qui a du sens pour moi et qui me rend heureuse.
Comment se combinent vos deux activités, l’une dans l’art, l’autre dans la culture?
À côté de ma pratique artistique à 40%, je travaille à 60% en tant que chargée de projets et de communication au Service des affaires culturelles des Hôpitaux universitaires genevois. Mon poste salarié me permet de financer mon activité indépendante.
Aux HUG, nous veillons à une présence de l’art et de la culture à l’hôpital, que ce soit pour les patient-e-s et leurs proches ou pour les 15'000 collaborateurs et collaboratrices. Nous organisons des expositions, mais aussi des concerts, des pièces de théâtre ou encore des conférences humoristiques.
Mes deux activités m’ont permis de trouver l’équilibre et s’enrichissent l’une l’autre. Par ma pratique artistique, je jouis d’un bon réseau qui me sert dans le milieu culturel. Et inversement, j’ai acquis des compétences d’organisation et de gestion utiles dans mon activité artistique.
Quels défis rencontrez-vous en tant qu’artiste?
La société a encore une image utopique de l’artiste, qui se rapprocherait d'un génie. Pourquoi le travail artistique devrait-il avoir moins de valeur qu’une activité libérale ou commerciale, comme celle de médecin, d'avocate ou d'analyste financier? La branche artistique manque de reconnaissance. Cela crée une grande précarité.
Il règne aussi beaucoup de concurrence dans ce secteur, tant dans la quantité d’objets sur le marché que dans les prix. À mon regret, certaines marques usent du storytelling; par le biais de cette technique de communication qui consiste à raconter une histoire, elles se créent une image éthique, mais cela ne colle pas avec la réalité de leurs produits.
En savoir plus
- Profession: Designer HES en design industriel et de produits
- Profession: Artiste plasticien HES / Artiste plasticienne HES
- Formation: Bachelor HES / Master HES en arts visuels ou design industriel et de produits
- Formation: CAS / DAS / MAS en gestion culturelle