Photo Dr Thomas Plattner

Biographie express

Quelle sont les exigences pour devenir médecin cantonal?

Les tâches et responsabilités du médecin cantonal varient d'un canton à l'autre. Il faut de toutes façons avoir un diplôme de médecin pour exercer la fonction. Une spécialisation dans un des domaines de la médecine humaine est aussi souvent demandée. On trouve des infectiologues à ce poste, mais pas seulement. J'étais passionné de médecine légale et me suis spécialisé dans ce domaine. Cela me donne des connaissances très larges du monde de la santé et des compétences dans le droit de la santé, un aspect important dans notre action en tant qu'autorité de surveillance.

Quelle sont vos tâches en tant que médecin cantonal? Et quel est le plus grand défi?

Dans le canton de Fribourg, le médecin cantonal a une double fonction. D'une part, il participe, en collaboration avec un large réseau de partenaires publics et privés, à la mise en œuvre de la politique de santé publique adoptée par le canton. Il est, d'autre part, chef d'équipe du service du médecin cantonal SMC. Directement rattaché au Conseiller d'état en charge de la Direction de la santé et des affaires sociales, le SMC remplit des tâches de prévention, de surveillance et d'autorisation. Je participe aux projets de promotion et de prévention de la santé publique. Dans le domaine des soins par exemple, le SMC est responsable de la prévention des infections liées aux soins dans les institutions de santé, notamment dans les établissements médico-sociaux EMS. Il élabore des directives pour leur action auprès des bénéficiaires et veille à leur mise en œuvre.

Dans le cadre de notre mission de surveillance, je dirige notamment une équipe d'infirmières inspectrices qui contrôlent les soins apportés en EMS. Enfin, je délivre des autorisations, notamment pour les traitements basés sur la substitution (méthadone). D'autres responsabilités, notamment en matière de médecine scolaire et de prévention des crises sanitaires incombent au SMC. Elles sont détaillées sur fr.ch.

Mon défi, en tant que scientifique, est de réaliser le plus de projets de santé publique possible avec les ressources à disposition. Les besoins sont immenses, il faut savoir choisir, prioriser et être patient. Les effets d'une campagne de vaccination peuvent prendre par exemple 10 à 15 ans! Mais c'est très gratifiant de voir le résultat, quand la population bénéficie d'une bonne couverture vaccinale.

Comment s'est passée votre entrée dans le monde professionnel?

J’ai commencé ma carrière comme médecin légiste à l’Institut de médecine légale de l’Université de Berne. Puis, je me suis spécialisé en médecine légale et j’ai été promu médecin adjoint dans ce même institut. Après presque 10 ans dans le domaine, j'avais envie de faire autre chose. C'est la santé publique qui m'intéressait le plus. Quand j'ai vu l'annonce, je n’ai pas hésité à poser ma candidature au poste de médecin cantonal adjoint. Aux étudiant-e-s en médecine, je conseille de viser une spécialisation dans un domaine qui plaît avant tout et de ne pas avoir peur de se réorienter si besoin.

Que conseillez-vous aux médecins intéressés par le secteur de l'administration publique?

Cela dépend de l'objectif: pour exercer une fonction de cadre, comme c'est le cas de la fonction de médecin cantonal, je recommande une formation postgrade en gestion des affaires publiques, un CAS ou un Master in Public Administration MPA par exemple. Si le but est de devenir expert dans un domaine précis du secteur de la santé publique, un Master en santé publique est plus approprié.