Traduction et post-édition
Orane Laeri a étudié la traduction à l'Université de Genève. Elle est aujourd'hui directrice des opérations dans une start-up spécialisée dans la traduction automatique neuronale TAN.
"La traduction automatique neuronale s’impose presque partout: à nous d’en faire notre alliée."
© Orane Laeri
Biographie express
Âge/année | Activité/formation |
19 ans | Maturité gymnasiale: Lycée-Collège des Creusets, Sion |
22 ans | Bachelor en communication multilingue, allemand et anglais vers le français: Université de Genève UNIGE, faculté de traduction et d'interprétation. Semestre à l'étranger: Institut für theoretische und angewandte Translationswissenschaft, Graz Autriche |
24 ans | Master en traduction spécialisée: UNIGE, faculté de traduction et d'interprétation. Travaux de relecture en parallèle pour un ouvrage de philosophie. Stage de traductrice juridique anglais et allemand vers le français: agence de traduction Hieronymus, Translations by Lawyers for Lawyers, Zurich |
25 ans | Traductrice juridique en emploi fixe, cheffe d’équipe et responsable de l’assurance qualité pour la base de données terminologiques: agence de traduction Hieronymus, Zurich. |
26 ans | Chargée de projet TAN, puis responsable sécurité des systèmes d'information RSSI: agence de traduction Hieronymus, Zurich |
27 ans | Participation à un projet de recherche Innosuisse portant sur la collecte de données pour l’entraînement de moteurs TAN: agence de traduction Hieronymus, Zurich, en collaboration avec l’Institut des systèmes complexes iCoSys de la Haute école d'ingénierie et d'architecture de Fribourg HEIA-FR |
29 ans | Directrice des opérations: Neur.on AI Solutions, Fribourg |
Quelle est votre activité actuelle?
Je travaille pour une start-up spécialisée dans le développement d'outils d'intelligence artificielle IA pour les traductions juridiques et financières. En tant que directrice des opérations, mon cahier des charges est large et varié: définition des processus, sécurité de l’information ou encore management de l'équipe de linguistes informaticiens. Une grande partie de notre travail consiste à récolter, nettoyer, analyser et catégoriser des données, des textes de lois par exemple, dans une large palette de langues. Ces données serviront à l’entraînement d’algorithmes de TAN, mais aussi au développement d’outils pour détecter la terminologie, mesurer la difficulté d’un texte, etc.
«Il y a lieu de se réjouir: la machine est un outil qui rend notre travail plus intéressant.»
Malgré les avancées technologiques stupéfiantes de ces dernières années, il n’est pas question pour nous de remplacer l’être humain par la machine. Nous souhaitons plutôt lui fournir des outils sur mesure, afin de l’assister au mieux dans son travail de traduction et dans cette industrie en pleine évolution, où la post-édition est devenue la norme. La traduction automatique neuronale s’impose presque partout: à nous d’en faire notre alliée.
Comment s'est passée votre entrée dans le monde professionnel?
Pendant ma dernière année de master, une de mes enseignantes m'a transmis une offre d'emploi. C'était un stage de traduction dans le domaine juridique. Je ne m'étais pas encore décidée pour cette spécialisation, mais les quelques cours de traduction juridique m'avaient bien plu. J'ai postulé et j'ai été engagée. J'ai alors découvert un domaine plus varié que ce que j'avais imaginé: on parle certes "du droit", mais il existe de nombreux domaines juridiques. La rigueur exigée me plait aussi beaucoup. Ma formation universitaire n'avait pas vraiment couvert la question de la traduction automatique, alors que le cursus actuel a complètement intégré cette évolution de la profession. Pour ma part, j'ai dû me former par la pratique.
Quels conseils donner aux étudiants et étudiantes en traduction?
La TAN s’est désormais imposée presque partout, faisant évoluer notre métier. Il y a lieu de se réjouir: la machine est un outil qui rend notre travail plus intéressant, car elle est particulièrement bonne pour les passages répétitifs, qui sont par conséquent souvent rébarbatifs pour les traducteurs et traductrices passionnés par les subtilités de la langue. Mon conseil serait, pour toutes celles et ceux qui sont ouverts à la nouveauté, de se former à la fois à la technologie et à la linguistique. En revanche, à celles et ceux qui souhaiteraient mettre davantage l’accent sur l’aspect «linguistique humaine», je recommande de se spécialiser dans un domaine spécifique et de faire des stages formateurs et ciblés.
User experience
Jakob Marti a étudié les sciences du langage à l'Université de Berne. Il met à profit ses connaissances dans le domaine des logiciels et de la recherche sur l'expérience utilisateurs.
"Nous sommes les avocats des utilisateurs."
Parcours
Âge/année | Activité/formation |
25 ans | Master en sciences du langage: Université de Berne |
26 ans | Junior Usability Consultant: ergonomie & technologie |
28 ans | Fondateur et directeur technique: Webverlag germanistik |
29 ans | Dr. phil, linguistique générale: Université de Berne |
30 ans | Lead Usability Consultant: UBS |
38 ans | Chef d'équipe User Experience Research: Google |
49 ans | Chef d'équipe User Experience Research: Frontiers Media SA |
Quelle est votre activité actuelle?
Je conçois des logiciels chez Frontiers Media SA. Je dirige une petite équipe de spécialistes responsable de l'expérience utilisateur, "User Usability" dans notre jargon. Nous sommes les avocats des utilisateurs et faisons en sorte que la technique s'adapte à l'homme. L'équipe de développement interne composée de designers, de chefs de produit ou d'informaticiens base son travail sur les études utilisateurs que nous menons.
«Utiliser un langage clair et cohérent, éviter les malentendus de langage: ce sont aujourd'hui des aspects importants pour développer des logiciels.»
Pour chaque interface utilisateur, j'imagine comment le public va s'en servir et ce qui pourrait être simplifié pour un usage optimal. L'objectif est qu'ils utilisent les programmes de manière intuitive et avec plaisir. J'adopte cette perspective dans le cadre d'ateliers, d'observations sur le terrain, d'interviews, de concepts. Nous travaillons à domicile, mais nous nous retrouvons régulièrement au siège à Lausanne pour des séances. Pour les études utilisateurs et nos réunions d'équipe dans toute l'Europe, nous travaillons en visioconférence.
Comment s'est passée votre entrée dans le monde professionnel?
J'ai pu me présenter et développer mes idées auprès d'une petite entreprise de conseil que j'avais trouvée sur internet. Quelques mois plus tard, l'entreprise m'a sollicité pour travailler à temps partiel. En parallèle, je rédigeais ma thèse de doctorat. La filière de linguistique générale n'est pas très demandée sur le marché du travail. J'ai réussi mon entrée dans la vie active après avoir découvert ce que je pouvais apporter d'unique. Dans mon cas, c'était l'optimisation de textes pour Internet.
Quels conseils donner aux étudiants et étudiantes en linguistique générale?
De mes études en linguistique, j'amène dans ma vie professionnelle une grande passion pour le langage. Dans mon travail de recherche en expérience utilisateur, la précision du langage me donne beaucoup de crédibilité. Utiliser un langage clair et cohérent, éviter les malentendus de langage: ce sont aujourd'hui des aspects importants pour développer des logiciels. Le plus important est de découvrir ce qui est unique en soi: Qu'est-ce que je peux faire de mieux que quelqu'un qui n'a pas de connaissances linguistiques?